Une réflexion sur le recours aux urgences (Services d’Accueil et d’Orientation des Urgences – SAOU) en Bretagne est menée depuis septembre 2018 par les Groupes Qualité (GQ) de la région. Un indicateur sur ce thème a d’ailleurs été développé au dernier trimestre 2018, au sein d’un groupe de travail constitué d’animateurs de GQ.
La poursuite des travaux a conduit les GQ à approfondir de nouveau ce sujet lors d’une réunion en février 2020, qui a servi de base à l’élaboration d’un rapport sur le recours aux urgences. Précisons que la publication de ce rapport a été différée du fait de la crise sanitaire, mais il est désormais disponible !
Principaux points mis en lumière dans ce rapport des Groupes Qualité bretons :
- Le niveau d’information du patient sur l’offre de Soins Non Programmés (SNP)
l’impression générale est que les patients sont mal informés de l’offre existante sur le territoire et sur les compétences des Médecins Généralistes. La régulation de l’accès aux créneaux de SNP se fait par la secrétaire, et si besoin secondairement par le médecin parfois en téléconsultation.
- Le taux de recours aux urgences des patients sans recours préalable au Médecin Traitant est attribué à trois grands facteurs :
– facteurs tenant au patient, tels que : ressenti anxieux des symptômes, simplicité d’accès, etc.
– facteurs tenant à la société, du fait de l’absence de sensibilisation de la population dans une société anxiogène voire administrative (consultations pour obtenir une attestation de maladie)
– facteurs tenant à l’organisation de la médecine ambulatoire, compte tenu de la difficulté d’accès au MG ou au secrétariat, entraînant une incapacité de répondre à la demande. Ce recours direct aux urgences est soumis à d’importantes variations territoriales.
- Le recours aux SAOU à l’initiative du médecin généraliste
un courrier d’adressage est rédigé par le MG. De manière générale, la décision est motivée par l’état clinique du patient relevant d’une urgence vitale, d’une prise en charge globale et/ou d’une surveillance rapprochée.
Parmi les autres critères d’hospitalisation évoqués, on peut citer la nécessité d’un acte, ou d’un plateau technique spécifique, ou encore d’un avis spécialisé urgent. Pour autant, ce rapport souligne qu’un tel recours est possible dans le secteur ambulatoire ; mais les médecins participant aux GQ décrivent une difficulté d’accès aux spécialistes dans un délai de 48H, qu’ils soient radiologues ou spécialistes, en particulier à certains horaires.
Enfin, même s’il existe des cotations spécifiques aux situations d’urgences, en particulier pour valoriser le lien avec le spécialiste (MUT), elles sont sous-utilisées, inconnues, ou décrites comme imprécises.
- Organisation territoriale pour accueillir les SNP
l’organisation de l’accueil des SNP semble se faire essentiellement à l’échelle des cabinets. Dans les milieux urbains, le recours à SOS est évoqué. Il est également fait référence à l’existence de MMG et d’associations de PDS (Permanence des Soins).
Le rapport indique que le pôle de santé / MSP voire l’ESP peut aussi être un lieu d’organisation de l’accès aux SNP, en particulier par l’intégration des autres professionnels de santé à la régulation de cet accès ou par la possibilité de temporiser certaines hospitalisations avec l’aide des IDE. Enfin, si certains GQ citent les CPTS, elles sont – en l’état actuel – qualifiées de méconnues, inquiétantes de par les obligations qu’elles impliqueraient, surchargeant le travail administratif, traduisant une méconnaissance du dispositif.
Propositions des Groupes Qualité bretons pour améliorer le parcours de SNP sur le territoire :
Les propositions formulées dans ce rapport se déclinent à trois niveaux :
- des cabinets : via l’amélioration de l’éducation des patients à la santé ; via un possible appui sur les étudiants en médecine (internes). L’apport des assistants médicaux est pour sa part écarté, car source de perte de lien avec le patient par la majoration de la file active.
- du territoire : via une meilleure communication ville-hôpital en travaillant sur l’accès aux hospitalisations directes, à la ligne d’avis, voire en partageant les créneaux de SNP avec les régulateurs des SAOU. L’amélioration du lien entre premier et second recours, en particulier avec les radiologues, mais aussi au niveau du premier recours (organisation des samedis matin et des vacances dans certains secteurs) sont d’autres pistes évoquées.
- institutionnel : par le biais d’une campagne d’information à destination du grand public. La nécessité d’une régulation en amont des urgences est décrite comme impérative via un numéro unique ou via une régulation par des médecins généralistes. Enfin, la création de services de consultation dédiés aux SNP est proposée, tout comme l’augmentation du nombre de MG ou la limitation du vagabondage médical. Une meilleure lisibilité de l’activité spécifique SNP est suggérée par la création d’une cotation spécifique valorisant cette activité.